Presse au XIXe
Ah, la presse au XIXe… Ses unes virulentes, ses illustrations colorées, ses caricatures. Tout un monde… Pour un univers steampunk cohérent, pour moi, il est important de comprendre le rôle de la presse. Quelques notes à ce sujet.
(Disclaimer : Cet article n’a nullement vocation à être un essai historique, il vise juste à brosser les grandes lignes de l’évolution de la presse au XIXe. Ces notes sont issues de mes recherches pour « Ceux du mercure », elles se concentrent donc sur la France de la fin du XIXe)
Le XIXe siècle voit se développer la presse, grâce à une série de facteurs
– Des innovations technologiques
Grâce au développement du chemin de fer, à l’invention des sémaphores et puis du télégraphe, l’information circule plus facilement et surtout plus vite. De plus, l’invention de la rotative en 1845 par l’américain Hoe permet d’imprimer de plus gros tirages plus vite et à moindre coût.
– Les progrès de l’éducation
C’est bête à dire, mais plus de gens qui savent lire = plus de lecteurs potentiels. La presse écrite n’est donc plus réservée à une élite.
– De nouveaux marchés
Corollaire de l’affirmation précédentes : plus de lecteurs potentiels = plus d’argent à se faire = plus de titres créés pour satisfaire tout le monde.
Le XIXe siècle voit l’essor des publications. Il y en a pour tous les goûts : journaux politiques, religieux, de décoration, de mode, gazettes artistiques, romans populaires en feuilleton. Il suffit de faire un tour sur Gallica pour se rendre compte de la variété des productions.
Je crois qu’on peut affirmer sans trop s’avancer que tout ce que vous pouvez imaginer a fait l’objet d’un journal au moins une fois au XIXe.
– L’action de la IIIe République
Les gouvernements de la IIIe République favorisent la presse, notamment par des lois pour ouvrir la profession d’imprimeur, ils suppriment les taxes postales sur l’envoi des journaux.
Donc voilà, la presse au XIXe, c’est grand, c’est beau. Tout le monde a accès à l’information, on éduque les masses, tout le monde est content. C’est le progrès, ma bonne dame.
Sauf que non, c’est un peu plus compliqué et tout n’est pas tout rose.
La censure
Eh oui, la troisième République a beau favoriser l’information des masses (quitte à tenter de noyer les critiques sous la pléthore de titres), les gouvernements n’aiment quand même pas trop qu’on les remettent en question (et alors l’Empire et la monarchie, n’en parlons même pas…). La censure sévit donc tout au long du XIXe (pour info, brièvement abolie en 1870, la censure est rétablie en 1871).
Pour ceux qui auraient envie d’en savoir plus, un petit mémo de la BNF sur les dates et événements clés.
Je pense que ceux qui ne dormaient pas totalement en cours d’histoire se souviennent un peu des « lois scélérates », ces lois votées en 1893 et 1894, visant le mouvement anarchistes, et qui ont conduit à la censure, voire à l’interdiction de certains de leurs journaux. Liberté de la Presse, oui mais faut pas déconner quand même.
Le goût du sensationnel
On critique les journalistes d’aujourd’hui, en disant qu’ils ne racontent que des conneries, mais il faut savoir qu’ils suivent quand même un code déontologique. Ce n’était pas vraiment le cas au XIXe siècle. La presse n’est pas forcément tenue à la véracité des faits, nombreux étaient les titres qui jouaient sur le sensationnel et les scabreux. Certains n’hésitaient pas à verser dans la calomnie.
Bon, ça concerne plutôt le XXe siècle, mais je pense que l’affaire Caillaux est une bonne illustration.
Résumé : le 16 mars 1914, Mme Caillaux abat le directeur du Figaro, car celui-ci publiait depuis des mois la correspondance privée des époux Caillaux, datant du temps où ils n’étaient pas marié et ce dans le but de discréditer Joseph Caillaux.
Le traitement de la presse de cette affaire est intéressant est très révélateur, et je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la une du Petit journal.
L’impact culturel de la presse au XIXe
Les feuilletons
Avec le développement de la presse se créent de nouveaux formats de lecture : les magazines, les brochures et surtout les feuilletons. Eh oui, avec l’apparition de titres bons marchés (les feuilles de chou), tout le monde peut acheter un journal et les directeurs comprennent vite l’intérêt qu’ils ont à fidéliser le lectorat. On crée donc des histoires à épisodes, que les fidèles lecteurs suivent chaque jour.
Alors, les feuilletons sont de diverses qualités, certains feraient passer des romans de gare pour un lauréat du prix Goncourt, mais de grands noms de la littérature française ont publié en feuilleton : Dumas (La comtesse de Salisbury), Balzac (la vieille fille), Sue (les mystères de Paris).
A travers les feuilletons, se crée une culture populaire, apparaissent des personnages, comme Rocambole, qui ont marqué des générations (et qui continuent)
(Pour ceux que le sujet intéresse, un petit article fort bien fait)
Les illustrations
Leur apparition et leur développement sont eux aussi dus à la baisse des coûts de fabrication, qui permettent de tirer plus pour moins cher.
Elles prennent de plus en plus d’importance : face à une concurrence grandissante, il faut attirer l’œil du lecture. Les journaux se parent de unes colorées, d’illustrations intérieures, mais aussi de caricatures et de panneaux de réclames.
Quelques exemples de unes
Des illustrations
Des caricatures
Et des réclames
Ah, on me souffle dans l’oreillette que le dernier lien n’est pas d’époque. Pas grave, ce genre de chose pourrait servir à nos mercuriens…
Pour finir, quelques noms célèbres de journaux qui ont marqué l’histoire : Le petit journal, l’Aurore, L’assiette au beurre, le journal des modes, la ménagère moderne…
Voilà, j’espère que ce bref tour d’horizon vous a plu et vous a donné envie d’aller plus loin. Pour les courageux, voici quelques liens
Gallica Un mot sur Gallica : il s’agit du site de la BNF qui numérise nombre de publications libres de droit, notamment des quotidiens, gazettes, magazines, revues… C’est une vraie mine d’or. Si vous cherchez des infos précises sur un titre, un type de journal (dates de publications, prix, contenu… ce site est fait pour vous).
Culture numérique Avec pas mal de liens vers des fonds numérisés
Fabula qui a quelques articles sur le sujet
Media19 qui se consacre à la presse au XIXe, des articles, feuilletons et illustrations numérisés.
La France au XIXe, pas aguichant mais une mine d’information
Les quotidiens
Il existe de nombreux titres, à plus ou moins fort tirage, plus ou moins sérieux.
Tarifs
Le Monde, 1860 : 50 francs par an.
Vers 1850 : feuille de chou est à 5 centimes.
Quelques journaux
-La Lanterne (radical)
-L’intransigeant (antidreyfusard)
-Le Matin (nationaliste et antiparlementariste)
-L’Aurore (républicain tendance socialiste).
-Le petit journal, puis le petit journal illustré (journal à sensation, à prix modiques. Faits divers).
Journaux vendus sur abonnement, mais également dans les kiosques ou à la criée.
Les périodiques illustrés, venus d’Angleterre, arrivent en France vers 1831. Illustration ont un rôle d’information, de divertissement, mais aussi de préservation de la morale.
1831, journal des connaissances utiles.
Plus une brochure qu’un magazine (une trentaine de pages).
Dans la lignée de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.
5 rubriques
-Biographies
-Histoires naturelles
-Beaux arts
-Sciences et techniques
-Paysages et pittoresque.
L’arrivée des illustration marque également le début des caricatures. On critique un peu le roi, mais les caricatures visent souvent d’autres figures politiques, ou des catégories sociales.
À partir de 1880: beaucoup de journaux proposent un supplément illustrés. Souvent le samedi et le dimanche, 8 pages. Il est agrémenté de feuilletons, ou de carrés syllabiques (ancêtre des mots croisés).
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[…] voit l’apparition d’une culture de masse écrite, favorisée par l’alphabétisation et les journaux (littérature populaire, romans, […]
J´ai cherché ca, précisement. Merci pour votre aide.M. Bazin
Contente d’avoir pu aider dans ce cas.
Merci et j´y retournerais surement.Ila Beaudry
Merci beaucoup, c´est ca exactement que j´en avais besoinl!Arnaude Fremont