Habiller ses personnages façon XIXe, c’est chouette. Les déshabiller façon XIXe, c’est encore mieux. Parce qu’on ne sait pas toujours ce qui se cache sous les toilettes et volumineuses robes, voici une série d’articles retraçant l’évolution des dessous au XIXe. Pour des raisons de clarté et de simplicité, j’ai conservé le même découpage que pour mes articles « La mode au XIXe ». Je me suis concentrée sur les sous-vêtements féminins pour l’instant, mais pas de panique, je n’oublie pas les messieurs, qui auront droit eux aussi à leurs articles.
On commence donc par la période 1795 – 1814. Pour rappel, voilà à quoi ressemblait la mode de cette époque.
L’heure est plutôt à la libération, après les pesantes tenues de la monarchie. Les élégantes affectionnent les robes dans le style antique, à l’initiative des Merveilleuses, comme Mme Récamier. La mode est à la minceur et à un certain naturel. En théorie, on renonce au corset, mais en réalité, les dessous permettent de tricher, et d’obtenir une silhouette plus conforme aux canons de beauté.
On porte une chemise de corps en coton blanc, en général sans broderie ou décoration. Le modèle présenté est un cas à part car il s’agit d’une des chemises de Joséphine, donc bien plus luxueuse que les dessous standards. Comme elle est magnifique, je ne résiste pas au plaisir de vous la montrer
Par-dessus cette chemise, les femmes portent corsets ou brassières. Voici quelques types de corsets de l’époque :
— Le casaquin
Corset en taffetas dénué de baleines, qui rappelle les corps baleinés du XVIIIe. La différence est que ce corset va plus marquer la taille, arrondir la poitrine et les hanches.
— Le corset « A la Ninon »
Inventé par Augustin Bretel en 1808. Il s’agit d’un corset assez rembourré, qui descend jusqu’à la taille. Il possède des goussets pour la poitrine, un busc en bois (le busc : une sorte de baleine, placée sur le devant du corset, au milieu du buste. Plus tard dans le siècle, il sert à ouvrir et fermer le corset).
— Le corset de divorce
Similaire au corset À la Ninon, il écarte fortement les seins (d’où son nom), de manière à respecter les canons de la mode de l’époque.
— Les brassières
Ancêtre du soutien-gorge, les brassières ressemblent aux sous-vêtements antiques portés par les Grecques et les Romaines. En générale, elles sont faites de coton plus ou moins épais (en coutil par exemple). La brassière sert à soutenir la poitrine sous la robe
Pas de culotte en dessous de cette chemise de corps ou de ce corset. Les femmes portent aussi des bas noués aux genoux. Pour dormir, on revêt une chemise de nuit à col haut et manches longues.
Côté couleur, on reste sur du blanc, même si durant la période révolutionnaire, les plus patriotes arborent des bas tricolores. Côté matière, les dessous sont faits en lin ou en coton. En général, ils sont fabriqués à la maison, mais sous l’Empire, on voit apparaître les premiers ateliers de lingerie.
Bibliographie pour ceux qui voudraient aller plus loin :
– Corset and Crinolines, Nora Vaugh
– La mécanique des dessous, Denis Bruna