Résumé
Des bas-fonds les plus sordides aux éclats de la cour princière, la cité d’Arachnae se livre sans fards, gangrenée par l’horreur et les excès. Dans le Labyrinthe où se côtoient la misère et le vice, des cadavres d’enfants torturés sont retrouvés. Théodora, la belle bretteuse libertine, est contrainte de s’allier avec l’austère Capitaine Gracci pour faire cesser ces crimes, alors qu’une guerre souterraine sans merci se joue entre le prince Alessio et les Moires, ses conseillères, et qu’une secte mystérieuse semble étendre son influence sur l’aristocratie décadente. Ces alliés que tout oppose parviendront-ils à dénouer la trame des possibles, ou se laisseront-ils engluer dans la toile de la Destinée ?
Mon avis
Deuxième incursion dans l’univers de l’archipel de Numinées, Arachnae est en réalité le premier roman de cette série, même s’ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres.
Avant toute chose, une mise en garde s’impose pour ce roman : âmes sensibles, s’abstenir. C’est l’un des livres les plus noirs qu’il m’ait été donné de lire. J’ai beaucoup aimé ce livre, mais je ne le conseillerai pas à tout le monde, tant il est noir.
Plusieurs intrigues s’entremêlent : l’enquête sur des corps d’enfants mutilés retrouvés dans les bas-fonds d’Arachnae, la découverte d’une secte cannibale qui pratiquerait une forme de magie noire, et en toile de fond, les intrigues de cours entre le prince, sa femme et les moires, puissantes sorcières qui se mêlent de manipuler le destin.
On remarque assez vite que, qu’on se trouve dans les ruelles sordides du Labyrinthe ou dans les couloirs de marbre du palais, l’ambiance reste au fond la même : stupre, violence et trahison. La violence et le sexe sont omniprésents, décrits souvent de manière très crue et presque clinique. Cette narration parvient bien à rendre l’horreur des situations, mais permet aussi que cela reste lisible sur pour le lecteur (une narration plus émotionnelle m’aurait retourné l’estomac, je pense).
Aucun personnage n’est épargné, on côtoie de véritables monstres qui n’ont plus d’humain que l’aspect. Les « héros » sont très tourmentés : la jeune femme qui papillonne d’amante en amante pour éviter de se poser les bonnes questions, le prince prêt à sacrifier sa famille…
Là où Cytheriae gardait une forme d’optimisme grâce aux personnages secondaires, et grâce aussi à l’ambiance colorée du quartier d’artiste de Metida, il n’y a pas d’espoir à Arachnae, pas d’endroit où il fasse bon vivre.
Côté intrigue, on se concentre dans une première partie sur la résolution des meurtres d’enfants, avant que l’affaire de la secte, et les intrigues de palais ne prennent une nouvelle tournure. J’ai trouvé qu’il y avait un moment de flottement vers le milieu du livre, où on se demande où tout ça va nous mener. Et puis Charlotte Bousquet rattrape les fils qu’on croyait perdus pour tisser une conclusion magistrale au livre. De petits événements qu’on pensait sans importance prennent alors tout leur sens.
Le final est à l’image du livre : très sombre. À part pour le prince et pour sa maîtresse, pas de happy end. Theodora remporte la palme, à mon avis. Je m’étais attachée au personnage, avec ses doutes et ses errances, et les derniers mots qu’elle prononce ont de quoi retourner.
Un petit mot sur la plume de Charlotte Bousquet, toujours impeccable, à la fois ciselée et agréable à lire.
En conclusion : une lecture à réserver aux amateurs de dark fantasy, un univers sombre, angoissant et poisseux, servi par une intrigue habilement menée.