Résumé :
Imaginez les années 50 où des milliers d’agences gouvernementales parano ont pris le pouvoir et disent protéger le monde d’une hypothétique invasion extraterrestre. Entre Brazil, 1984, le Festin Nu, les polars en noir & blanc, les romans déjantés de Philip K. Dick et les inventions loufoques des années atomiques, Europole propose aux lecteurs un voyage décalé dans l’une des plus grandes conurbations du monde : la titanopole européenne.
Mon avis
On continue l’exploration de la collection Ourobores de Mnemos et de ses beaux livres. Cette fois, direction Europole, gigantesque titanopole tenue par les Agences et qu’une poignée de résistants combattent. Ils sont d’ailleurs les auteurs derrière ce guide de la résistance, qui a pour vocation de présenter toutes les facettes de ces titanopoles.
Pari réussi pour ma part, le livre est extrêmement bien construit et très immersif.
On suit quatre auteurs différents, qui présentent un aspect du monde : que sont les Agences et comment gouvernent-elles les titanopoles ? Qui sont les Étrangers et qu’est-ce que le Contact ? Qu’est-ce que l’effet Ubik ?
À travers la vision et les documents présentés, se dessine un monde fascinant et sombre, à mi-chemin entre une bureaucratie à la Brazil et les publicités des années 50. Les Agences dominent le monde et imposent leurs règles absurdes. L’humanité vit dans l’attente de l’arrivée des Étrangers, sans savoir s’ils sont réels ou pas. Les administrés vivent dans la peur d’être déclassés par les agences et de se retrouver à vivre dans les marges.
L’univers est très fouillé, cohérent, certains aspects font vraiment froid dans le dos. En tout cas, on a envie d’en savoir plus sur cet univers.
Côté « livre objet », là aussi on est gâté. Europole est structurée comme un guide monté de toutes pièces par les membres de la résistance. Aux comptes-rendus tapés à la machine sur le papier à en-tête d’un hôtel se succèdent coupures de presse, cartes, lettres, photos… On a vraiment l’impression d’avoir entre les mains un dossier.
Le travail de mise en page et de construction est admirable (je n’ose imaginer les heures de travail qu’il a fallu pour en arriver là). Les illustrations donnent vraiment le ton, on est plongés dans la lecture du début à la fin.
En résumé : un très beau livre, bien construit et passionnant, pour tous les amateurs de rétrofuturisme.