Résumé
Abyme, ville merveilleuse et baroque, est aussi l’unique cité des Royaumes crépusculaires où les peuples mortels peuvent cohabiter avec les démons et leurs seigneurs infernaux… Jusqu’à aujourd’hui. Après dix ans d’absence, Maspalio, farfadet flamboyant et ancien Prince-voleur de renom revient dans sa cité de cœur sur une énigmatique injonction de son ancienne amante Cyre. Mais dès son arrivée, rien ne se passe comme prévu. Abyme a changé et souffre d’une mystérieuse affliction. Aspiré dans un tourbillon de mésaventures, l’arrogant Maspalio devra se révéler d’une improbable humilité pour venir à bout des fléaux qui s’abattent sur lui et les siens…
Mon avis
Il y a quelques années, en quête de fantasy francophone, j’ai emprunté Abyme de Mathieu Gaborit et j’avais eu le coup de foudre pour la plume de cet auteur et pour cet univers.
J’ai donc été très heureuse de savoir que Mathieu Gaborit revenait à Abyme et aux Royaumes crépusculaires et j’ai replongé avec délice.
Je commencerai pourtant ma chronique avec deux aspects qui m’ont un peu dérangée.
Le premier, c’est le manque de rappel aux événements antérieurs. Les personnages font beaucoup allusion à des événements passés, à des éléments de structure et de politique d’Abyme et je n’aurais pas été contre un petit rappel, histoire de rendre tout ça explicite. Je pense en plus que ça peut perturber les lecteurs qui ne sont pas familiers avec l’univers.
Le deuxième reproche, c’est que l’intrigue est assez linéaire et simple : on suit Maspalio qui est ballotté de péripétie en péripétie, et parfois, ça manque un peu de liant.
Malgré tout, j’ai apprécié cette lecture, parce que c’est un univers que j’adore. C’est flamboyant et baroque, Abyme, c’est une cité folle, avec ses quartiers, ses palais, ses particularités, sa faune, son histoire, sa mythologie. On y croise des ogres au visage tacheté, des salamandres, des gnomes invocateurs de démons, des lutins liés à des arbres.
C’est un univers sombre et splendide à la fois, et j’ai eu plaisir à me perdre de nouveau dans les rues d’Abyme.
Là où le roman fonctionne bien, c’est qu’on redécouvre avec Maspalio la ville, vu qu’il en a été absent dix ans. Avec lui, on apprend ce qu’il est advenu des Gros, on contemple la montée de l’Acier et tout ce qu’elle implique. On se désole de ces changements.
L’une des grandes forces de l’auteur, c’est d’avoir réussi à donner une dimension organique à son univers. La ville est un personnage, tout autant que Maspalio, Mèche, Cyre et tous les autres.
Un des autres points très fort de La Cité exsangue, c’est la plume de Mathieu Gaborit.
Là aussi, c’est tout simplement beau. C’est fluide, poétique, ça se lit tout seul et en même temps, c’est un style recherché. Chaque personnage a sa voix, sa manière de parler, ses expressions. Dès les premiers mots, j’étais de nouveau happée, j’étais de retour à Abyme.
En résumé : c’est un retour qu’on n’attendait pas et qui a su me séduire, j’ai vraiment hâte de connaître la suite.
Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers de l’univers, je recommande de commencer d’abord par Abyme (ce sont de courts romans, ils ont bénéficié d’une très belle édition en coffret cartonné à des prix abordables, ils sont édités en poche, vous n’avez aucune raison de vous priver).
Moi, en attendant le tome 2, je vais aller me replonger dans le guide d’Abyme.