Imaginez que Lovecraft ait raison, que notre monde ne soit qu’une poussière dans une infinité de dimensions peuplées par des créatures les plus charmantes les unes que les autres. Imaginez maintenant que certaines de ces créatures arrivent à passer dans notre monde. Imaginez que les gouvernements soient au courant et aient donc développé des services de contre-espionnages pour contenir et combattre cette menace. En Grande Bretagne, ce service secret a été créé durant la seconde guerre mondiale et à pour nom la Laverie Centrale. La Laverie Centrale est une série de roman fantastiques, écrite par Charles Stross. L’auteur a annoncé qu’elle compterait 9 romans en tout. Pour l’instant, 4 ont été publiés – The Atrocity archive (le bureau des atrocités, publié en français par Ailleurs et demain) – The Jennifer morgue (publié en français par le Cherche Midi) – The Fuller memorandum (uniquement en anglais) – The Apocalypse codex (idem)
Personnages Le personnage central de cette série est Bob Howard. Il raconte l’histoire à la première personne, et à partir du 2ème livre, raconte aussi des passages à la 3ème personne du point de vue d’un autre personnage, où il extrapole ce qui leur est arrivé durant son absence Au début de la série, Bob est un jeune homme recruté par la Laverie après qu’il ait malencontreusement failli invoquer l’un des Grands Anciens (et failli raser Birmingham de la carte par la même occasion). Bob travaille au service informatique la plupart du temps. Le reste du temps, il est le secrétaire particulier d’Angleton, éminence grise de la Laverie, au passé plus que mystérieux. Sur les ordres d’Angleton, il est chargé d’effectué des missions de terrain qui, comme vous en doutez, ne se passent jamais comme prévu. Bob est gaffeur, peu sûr de lui, par moment, c’est l’archétype du geek, et il en a conscience. Mais, même s’il est plus à son aise derrière un PC, il a un très bon instinct et se révèle un agent très efficace sur le terrain. Il faut quand même reconnaître qu’il a un don pour s’attirer les ennuis (retenu prisonnier par un milliardaire cinglé, kidnappé par des cultistes cannibales, et j’en passe et des meilleures) Le personnage évolue au cours de la série, et c’est ce qui le rend attachant et intéressant. Il se marie (je ne peux dire avec qui, sans spoiler pour ceux qui voudrait lire), gravit les échelons au sein de la Laverie,… J’aime bien ce genre de personnages qui ne restent pas figés dans le temps. Univers Le postulat de base est très classique : des choses d’un autre monde cherchent à venir nous rendre visite pour une partie de cache-cache, avec les humains dans le rôle du casse-croute. Là où la Laverie devient intéressante, c’est grâce à deux idées – La magie existe, mais la magie, ce ne sont jamais que des mathématiques et de la géométrie. Tous les magiciens, les nécromants et autre sont en réalité des mathématiciens, et surtout des informaticiens. Dans notre monde hyper technologique, le danger est donc grand de voir un geek quelconque invoquer sans le faire exprès une entité quelconque. Tout ce qui a trait à la magie s’effectue via des ordinateurs, des systèmes électroniques, des applications chargées sur les téléphones portables… L’approche est originale et apporte un renouveau intéressant à l’utilisation de la magie. – Un service d’espionnage, c’est, bien sûr des espions, mais aussi une bureaucratie tentaculaire. La Laverie ferait passer l’administration française pour un modèle de modernité et d’efficacité. Entre les audits pour l’utilisation des trombones et les réunions à n’en plus pouvoir, on se demande parfois si Bob n’est pas plus tranquille quand il se fait courser par une horde de cultistes affamés. Et ne parlons même pas des Ressources Humaines… Thèmes abordés Mis à part le 1er tome, qui est en fait plutôt un recueil avec trois histoires distinctes, chaque tome a une thématique et adopte un style différent – Jennifer Morgue Truffé de référence aux films d’espionnage, et notamment à James Bond. Ces références vont avoir une importance cruciale dans la résolution de l’intrigue – The fuller memorandum Guerre froide 2.0 et manigance de cultistes, sur fond de suspicion et de trahison à la Laverie. (mon préféré de la série) – The Apocalypse Codex Enquête aux Etats-Unis sur les agissements d’un télé-évangéliste, qui ferait passer les pires des sectes pour des enfants de chœur. Tonalité et écriture Les livres sont assez drôles à lire, notre ami Bob maniant l’humour caustique à la perfection. Mais, surtout à partir de « The Fuller memorandum », on gagne en sérieux, le ton s’assombrit un peu. Je trouve qu’à partir de ce livre, l’équilibre entre les moments drôles, les passages d’actions et ceux plus dramatiques. L’écriture du 1er et 2ème livre m’a semblée un peu maladroite, surtout sur le 1er (mais vu que c’est le seul que j’ai lu en français, je pense que la traduction est partiellement en cause). Autrement, à partir du 3ème livre, pareil, l’autre trouve un bon équilibre et un bon dynamisme dans la narration. En résumé, une bonne série dont j’attends le prochain tome avec impatience. Je la conseille aux amateurs de Lovecraft et aux geeks de tout poil (qui vont adorer retrouver les petites références dont le texte est émaillé). Pour finir, je citerais Bob Howard : « I wish I was still an atheist. Believing I was born into a harsh, uncaring cosmos – in which my existence was a random roll of the dice and I was destined to die and rot and then be gone forever – was infinitely more comforting than the truth. Because the truth is that my God is coming back. When he arrives I’ll be waiting for him with a shotgun. “ |
Tout à fait d’accord sur l’évolution de la série et de son ton. J’avais particulièrement aimé la Memorandum Fuller puis The Rhesus Chart…