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Saintes ou pouliches, Isabelle Bricard

    Résumé

    « Nous les élevons comme des saintes, puis nous les livrons comme des pouliches », tel est, brièvement résumé par George Sand, le lot des jeunes filles au XIXe siècle.
    Leur cadre de vie ? Parfois la famille, où l’on pratique la manière « douce », le plus souvent le couvent et le pensionnat où l’hygiène et la discipline ont de quoi étonner. Leur instruction ? Légère, puisque les bas-bleus sont immariables. La botanique est asexuée, la mythologie revue et corrigée ; on s’occupe avant tout des arts d’agrément, du maintien et du savoir-vivre, de la « science domestique ». Leur plaisir ? Les bains de mer, même si elles se baignent avec un corset et sur une plage strictement réservée aux femmes. Leur destinée ? Épouser une « moitié » qui a souvent le double de leur âge, mais conserve parfois l’attrait de l’inconnu. Et l’amour ?… « On finit toujours par aimer le père de ses enfants ! »
    On suit les jeunes filles du pensionnat au premier bal, puis de la première entrevue avec leur prétendant jusqu’à leur nuit de noces. Rien de ce qui touche leur vie quotidienne n’est laissé dans l’ombre, depuis les coulisses de la beauté jusqu’à la ceinture de chasteté qui les préserve de l’onanisme. On découvre alors une éducation morale et religieuse incroyable et pleine de contradictions, puisque, après avoir répété à la pensionnaire « Priez », on ordonne à la débutante « Plaisez ».

     

    Mon avis

    J’avais mis ce livre sur ma liste de Noël, à la fois pour des recherches, mais aussi parce que le sujet m’intéressait beaucoup.

     

    Je ne peux pas vraiment dire que j’ai adoré ma lecture – parce que le sujet est absolument glaçant – mais le livre est vraiment très intéressant.

     

    D’abord, il est bien écrit et d’une plume fluide. Si vous lisez ou que vous avez lu des ouvrages historiques (notamment pour les études), vous savez que ce n’est pas le cas de tout le monde. Le livre est donc très agréable à lire et très fluide.

     

    Le sous-titre de l’ouvrage est un peu trompeur car en réalité, on traite ici de l’éducation des filles de la bourgeoisie de 1815 à 1870 (on se rend compte que l’école selon Jules Ferry a changé pas mal la donne en matière d’éducation).

    Le livre est divisé en chapitres qui traitent chacun un pan de l’éducation féminine : le couvent ou le pensionnat, l’éducation religieuse, les bals, la recherche d’un mari, la préparation du mariage, etc.

    À chaque fois, l’auteur appuie son propos de nombreuses citations, issues d’ouvrages sur l’éducation de l’époque, mais aussi de mémoires d’anciennes pensionnaires, ou de correspondances privées.

    C’est très riche et assez documenté.

     

    Sur le contenu, comme je le disais, c’est glaçant. L’autrice décortique le système mis en place pour assurer que les jeunes filles tiendront bien leur rôle d’épouse et surtout de mère.

    Tout est pensé pour les contrôler, pour s’assurer qu’elles ne dévient pas de la route tracée.

     

    En lisant ce livre, j’ai réalisé les progrès qui ont été faits : aujourd’hui, il tombe sous le sens que les filles doivent être scolarisées comme les garçons, et qu’elles ont vocation à avoir un métier et gagner leur vie, pas seulement à servir d’épouse et de mère.

    Mais également, je me suis rendu compte du chemin qui reste encore à parcourir. La conclusion du livre, qui date pourtant de 1985 (l’année de naissance, hahahaha !), est encore férocement d’actualité.

     

    On revient de loin, mais le combat continue !

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