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The Terror

    Cet été, en pleine canicule, mon mari et moi sommes tombés sur une série, The Terror. Adaptée du livre éponyme de Dan Simmons, elle narre le destin de l’expédition de Sir Franklin, parti à l’assaut de l’Arctique au milieu du XIXe avec deux bateaux, l’Erebus et le Terror. Cette expédition est très fameuse dans le monde anglo-saxon, car elle a disparu corps et biens. Le livre et la série proposent un récit de cette expédition, détaillant le destin final de ces hommes, prisonniers des glaces, et traqués par une mystérieuse créature inuite. Le pitch était intéressant, et quoi de mieux quand il fait trop chaud qu’une histoire se passant dans les glaces ?

    Bonne pioche pour cette série qui, avec The Haunting of Hill House, a été l’un de mes coups de cœur de 2018. J’ai dévoré la série et, connaissant Dan Simmons et ayant adoré Hyperion, je me suis plongée dans le livre.

    Ma chronique aujourd’hui sera un peu particulière, car je trouve que la série et le roman sont très complémentaires. Petit comparatif (qui aura surtout pour but de vous convaincre de regarder la série et de lire le livre, parce que c’est vachement bien !)

    L’univers

    Premier constat, l’univers est très riche, particulièrement dans le roman. L’auteur a bien réussi à rendre la vie à bord de ces bateaux pris dans la glace. Ça fourmille de détails, d’anecdotes, d’éléments du quotidien. Le livre est très érudit, sans être lourd à lire, et pour cela, je tire mon chapeau à l’auteur.

    Le livre est par contre lourd au sens propre (1 000 pages dans sa version poche !) alors si vous avez envie de l’emporter dans votre sac pour lire en allant au travail, oubliez, vous n’allez réussir qu’à plomber vos bagages.

    La série a eu l’intelligence d’utiliser toutes les recherches effectuées par Dan Simmons pour les intégrer dans le visuel. Là aussi, ça fourmille de détails, il y a une vraie recherche dans les costumes, les objets du quotidien et tout cela donne une vraie ambiance à la série.

    Les deux ont d’ailleurs un côté assez irréel, comme si on était suspendus dans le temps, dans une bulle qui n’existe pas vraiment, un petit bout d’Angleterre, qui tente de maintenir des coutumes surannées dans un univers hostile.

    Cette critique sociale est un peu plus présente dans le roman que dans la série. Dan Simmons fait bien ressentir l’absurde de cette situation, la série donne plus une impression d’angoisse et de claustrophobie.

    Les personnages

    Il y en a beaucoup, que ce soit dans le livre comme dans la série et on peut avoir du mal à les repérer (surtout dans la série où, uniforme oblige, ils sont habillés pareil).

    Malgré tout, dans les deux médiums, on peut dire que le personnage central est le capitaine Francis Crozier, qui dirige le Terror.

    C’est un homme complexe, irlandais entré au service de la marine de Sa Majesté, en proie toute sa vie au racisme anti-irlandais, amoureux malheureux de la nièce de Sir Franklin, alcoolique…

    Crozier commet des erreurs, il s’énerve quand il ne faut pas, ne dit rien quand il faudrait intervenir, il tente de sauver ses hommes, il est confronté à l’échec, à ce monde qui veut leur peau, à cette chose sur les glaces qui les guette. C’est un homme compliqué, qu’on se prend à suivre car même dans ses erreurs, il suscite l’empathie.

    Dans la série, il est incarné par Jared Harris (qu’on a vu incarner Moriarty dans le 2ème Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr). Il est excellent et donne vraiment corps au personnage, dans toute sa démesure et ses nuances.

    Le capitaine Crozier

    Certains autres personnages ne changent guère du livre à la série. C’est le cas du capitaine Franklin, dont l’acteur Ciaran Hinds parvient bien à rendre le côté pompeux et complètement paumé. C’est aussi le cas du docteur Goodsir, joué par Paul Ready, qui insuffle la bonté et la compassion nécessaire à son personnage. Tobias Menzies est aussi très bon en capitaine Fitzjames, et a bien retranscrit la classe mêlée de désespoir que j’imaginais pour ce personnage.

    Le bon docteur

    D’autres ont changé, comme l’esquimaude Lady Silence, plus âgée que son homologue du livre. Elle est jouée par Nive Nielsen (actrice originaire du Groenland) et est moins mystérieuse et sur la réserve que le personnage du livre. Du coup, elle suscite plus d’attachement, et on tremble avec elle lorsqu’elle rencontre la chose qui hante les glaces.

    Lady Silence

    Le changement le plus important est celui de l’aide-calfat Cornelius Hickey. Personnage assez secondaire dans le roman, qui se révèle quand tout commence à aller mal, il devient ici un être complexe et monstrueux. L’acteur qui l’incarne, Adam Nagaitis, a bien réussi son mélange de charme, de monstruosité et de folie furieuse. Méchant assez plat dans le film, il devient ici un antagoniste puissant, retors, et au moins aussi dangereux que la bête sur les glaces. Pour moi, c’est l’une des grandes réussites de la série.

    Cornelius Hickey

    Je passe sur les nombreux personnages secondaires. Je noterai juste que chacun a son caractère et que le livre leur donne la parole. On en apprend plus sur leurs vies, leurs passés, leurs interactions. La série est maligne, car elle réussit à faire allusion à ce passé sans l’expliciter (notamment pour les personnages de Peglar et Bridgens).

    Le scénario

    Si vous connaissez un peu l’histoire de l’expédition Franklin, vous savez déjà de quoi il retourne et comment tout cela va finir (la scène d’ouverture de la série est assez explicite de ce côté-là).

    Dès le départ, que ce soit dans la série et le livre, on comprend que l’expédition était mal partie (manque de préparation, erreurs de navigations, erreurs humaines, accidents…). À partir de là, l’histoire consiste à contempler la descente aux enfers de ces équipages, alors qu’autour d’eux, tout va de mal en pis (comme le dit la série « This place wants us dead »).

    Le rythme est très lent. La série comme le livre s’attardent à montrer la vie quotidienne à bord des bateaux. Le livre est en plus raconté dans le désordre.

    Malgré tout, c’est très addictif. La série comme le livre parviennent à faire exister ce monde hors du monde. La série est très habile en terme de montée de l’horreur, de manière très insidieuse.

    Le final

    Si le déroulé est à peu près le même pour le film et la série, la différence majeure se situe à la fin. Livre et série ne finissent pas de la même manière. Je vais tenter d’en parler sans spoiler.

    À titre personnel, j’ai préféré le final de la série. Je l’ai trouvé plus nerveux, capitalisant vraiment sur tout ce qui a été amorcé avant. Le dernier épisode est proprement halluciné, et conclut ce périple dans le sang et les larmes. C’est à la fois réjouissant, triste et cathartique.

    Le livre se finit de manière plus douce, et on va dire que les survivants s’en tirent mieux d’un point de vue personnel que la série.

    J’ai bien aimé tout le passage chez les esquimaux, parce qu’il est riche en détail et permet de découvrir un pan de cette culture. Il permet aussi de montrer à quel point ces hommes blancs, se croyant supérieurs aux sauvages, étaient mal armés pour affronter cet endroit où tout conspire à vous tuer.

    En résumé

    Livre comme série sont à découvrir si vous avez envie d’une aventure surréelle et horrifique au cœur des glaces.

    Moi, pour ma part, j’attends la deuxième saison de The Terror, en espérant qu’elle soit aussi bien que la première, et je vais aller me relire Hypérion de Dan Simmons (un livre de SF qui m’avait vraiment mis une claque).

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