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The Witch, Robert Eggers

    Aujourd’hui une fois n’est pas couture, je ne vous parle pas de livres, mais d’un film : The Witch (parfois orthographié The VVitch).

     

    The Witch se situe en Nouvelle-Angleterre, vers 1630. On y suit une famille qui est expulsée de la communauté où elle vit, car le père est en conflit avec les figures religieuses, et qui part donc s’installer en pleine nature. La famille trouve un terrain en bordure d’une forêt et tente d’y construire une ferme pour vivre en autarcie. Malheureusement pour eux, tout ne se déroule pas comme prévu et une force obscure semble vivre dans les bois et les guetter.

     

    Petit disclaimer pour commencer : si vous cherchez un film d’horreur avec de l’action, des litres d’hémoglobine et des jump scare, passez votre chemin, The Witch n’est pas fait pour vous.

    Même s’il a été vendu et étiqueté comme film d’horreur, pour moi, ça n’en est pas vraiment un, c’est plus du fantastique (du bon fantastique, dirais-je même, mais j’y viens).

     

    The Wich est le premier long métrage de Robert Eggers, qui a beaucoup étudié le folklore de la Nouvelle-Angleterre et les histoires de sorcières, et ça se sent.

    Le film est une reconstitution minutieuse de la vie de fermiers puritains du XVIIe. Il y a une grosse attention portée aux costumes, aux intérieurs et aux objets du quotidien. Les personnages s’expriment en vieil anglais (ça surprend au début, mais on s’y fait) ; l’équipe du film a d’ailleurs travaillé sur beaucoup de documents d’époque pour arriver à retranscrire le langage et à le rendre vivant. Ça donne une ambiance vraiment immersive, avec parfois un côté documentaire.

    Il y a aussi une très grosse attention portée à la lumière, avec des éclairages en clair-obscur, à la bougie ou à la lanterne. Là aussi, la lumière participe à l’ambiance étrange du film et fait clairement référence à la peinture flamande. C’est beau et c’est bien fait.

     

    Le film fonctionne presque en huis clos, les seuls personnages sont la famille : William, le père, Katherine, la mère et leurs cinq enfants. L’aînée, la jeune Thomasin, le cadet, Caleb, les jumeaux Jacob et Mercy et le bébé Samuel.

     

    Les personnages sont très nuancés, même si les parents sont puritains et stricts, on sent l’amour qu’ils portent à leurs enfants (même si ça se gâte par la suite). Ils essayent d’agir au mieux, dans la mesure de leurs moyens. Malheureusement, ils sont tous les deux humains, avec leurs faiblesses et ne prennent pas toujours les bonnes décisions.

    Les enfants sont dépeints de manière réaliste aussi. On voit la complicité entre Thomasin et Caleb, les rivalités avec les jumeaux, les prises de bec entre frères et sœurs, qui vont d’ailleurs prendre un tour tragique dans la deuxième moitié du film.

     

    Le personnage central est celui de Thomasin, qui a une quinzaine d’années et à travers les yeux de qui on vit le film. Et là pour vous expliquer à quel point j’ai aimé ce personnage, je suis obligée de spoiler un peu. Passez votre route si vous voulez vous garder la surprise.

     

    ATTENTION, DÉBUT DU SPOILER

     

    Thomasin commence comme une jeune fille obéissante, mais qui souffre de l’isolement auquel le père a contraint sa famille et qui commence à douter des règles strictes que la religion lui dicte (interdiction de jouer le dimanche, par exemple).

     

    Au début du film, Thomasin joue avec son petit frère, le bébé Samuel, qui est enlevé, par un loup, pensent ses parents ; par une sorcière, comprend le spectateur.

    À partir de là, une implacable mécanique se met en marche pour Thomasin : sa mère commence à douter d’elle, puis c’est le tour des jumeaux. Ensuite, d’autres événements se mettent en branle et on aboutit à une tragédie.

     

    The Witch, plus que l’histoire d’une lutte entre des chrétiens et des forces obscures, c’est pour moi, c’est l’histoire d’une gentille jeune fille que des événements atroces et la pression sociale vont conduire à passer un pacte avec le diable.  

     

    À ce titre, l’actrice qui incarne Thomasin est vraiment très bien. Elle traduit cette descente aux enfers avec beaucoup de subtilités, elle joue énormément sur son langage corporel, sur son regard. Elle arrive à être touchante et forte en même temps.

     

    FIN DU SPOILER

     

    Au niveau de l’histoire, je dirais que c’est peut-être le point faible du film. Le rythme est assez lent. Moi ça ne m’a pas gêné, parce que j’ai aimé la mise en place, l’attention aux détails et au quotidien de la famille, mais que sais que ça ne plaira pas à tout le monde.

    L’histoire se déroule aussi sans grosse surprise. On voit arriver les jalons au fur et à mesure. Là aussi, ça ne m’a pas gênée, parce que je ne m’attendais pas à de gros retournements en regardant ce film, juste à une bonne histoire fantastique, et de ce côté-là, je n’ai pas été déçue.

    J’ai également apprécié le fait que le film puisse avoir deux lectures. Soit on part du principe que Thomasin et sa famille aient vraiment été confrontés à du surnaturel et à une sorcière. Soit on admet qu’ils aient été victimes d’empoisonnement à l’ergot de seigle et qu’une partie des évènements soient donc le résultat d’hallucinations (comme c’était apparemment le cas des fameuses sorcières de Salem, une nouvelle preuve que les auteurs ont vraiment fait leur boulot).

     

    En résumé, si vous cherchez une bonne histoire fantastique, avec un solide casting et une ambiance vraiment léchée, The Witch est fait pour vous.

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