Depuis un moment sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, je vois passer des discussions concernant le rythme d’écriture. Certains stipulent qu’il faut écrire tous les jours, d’autres sont contre cette méthode ou ne s’y reconnaissent pas. Pour ma part, j’appartiens à la première catégorie : dans la mesure du possible, j’écris tous les jours.
Aujourd’hui, je vais vous expliquer pourquoi je m’astreins à cette discipline.
Quand je dis que j’écris tous les jours, ça implique de l’écriture pure (premier jet d’un roman ou d’une nouvelle), mais également tout le travail de réécriture et de corrections.
Cette méthode du travail quotidien comporte pour moi plus d’avantages que d’inconvénients.
Je vais ici employer une comparaison entre l’écriture et le sport. Écrire, c’est compliqué (ne nous leurrons pas, ça réclame de l’énergie et de la concentration).
Pour moi, le démarrage est souvent le moment le plus difficile. Une fois que je suis lancée, ça va beaucoup mieux. Pour le sport, c’est la même chose. Lors de l’échauffement, ça fait mal partout, le corps se réveille, on crache un peu ses poumons. Une fois que la machine est amorcée, la suite est plus simple.
Ce démarrage, il est encore pire quand on est froid depuis un moment, quand on ne s’est pas entraîné depuis des jours, voire des semaines. Si, si, vous savez, quand vous sortez de quinze jours d’orgie alimentaire après les fêtes de fin d’année et que vous décidez d’aller décrasser tout ça à la salle de sport.
Cette sensation diminue quand on pratique régulièrement pour le sport, et c’est la même chose pour l’écriture. En écrivant tous les jours, les démarrages sont moins difficiles et je retrouve beaucoup plus rapidement l’état d’esprit et la concentration nécessaire.
Écrire tous les jours a un autre effet bénéfique : les projets avancent plus vite. C’est mathématique, si vous écrivez une page tous les jours, vous avancerez plus que si vous écrivez trois pages par semaine, ou dix pages par mois.
Là aussi, ça permet de garder la motivation sur les projets. En écrivant quotidiennement, je vois mes projets avancer et j’évite l’écueil de mi-parcours, le « c’est trop nul ce que j’ai écrit » ou « ce début est dix fois trop long » (oui, si ça fait six mois que vous écrivez et que vous n’êtes qu’au quart de votre histoire, ça va vous sembler long, alors que le lecteur qui va lire tout ça dans la foulée n’aura pas la même impression). Ça me permet donc de me plonger dans un projet et de garder une cohérence de travail.
La méthode a cependant quelques inconvénients et contraintes.
Ce n’est pas facile de se bloquer une plage horaire tous les jours, j’en ai bien conscience (je pense à ceux qui ont un travail chargé ou une vie de famille prenante, genre enfants en bas âge). Après, les jours où je travaille, j’arrive à me ménager 15 ou 30 minutes pour écrire (ça implique de déconnecter Facebook, Instagram et autres pour éviter les tentations). Je pense que c’est faisable, surtout si l’entourage joue un peu le jeu et vous donne un petit coup de pouce.
Cherchez aussi les heures où vous êtes le plus efficace : le matin ? Le midi ? Tard le soir ?
Un autre inconvénient de cette méthode est que, vu qu’on est sur des plages plus courtes, il faut être capable de se mobiliser rapidement sur son projet. J’ai cette capacité à pouvoir me concentrer rapidement, je l’ai travaillée et affûtée au fil des ans. J’arrive aussi à faire abstraction du bruit et des distractions ambiantes pour me concentrer (pratique pour écrire dans les transports en commun).
J’ai conscience que tout le monde ne fonctionne pas comme moi. Malgré tout, se contraindre sur de courtes périodes est difficile au début, mais on prend le pli. Et ça force à l’efficacité, notamment sur les passages où on bloque. Quand ça ne veut pas, je me donne un temps donné pour écrire cette saloperie de scène qui me pose problème (tant pis si c’est pas terrible, on corrigera après).
Si vous manquez vraiment de temps ou que vous n’avez pas l’énergie d’écrire, vous pouvez fractionner votre travail. Genre, corriger une scène au lieu d’un chapitre. Relire l’orthographe d’un passage. Brainstormer sur une nouvelle… Le tout est de faire quelque chose tous les jours en lien avec l’écriture.
Il faut néanmoins garder quelque chose en tête : cette méthode a quand même tendance à éclater le travail. On fait des petits bouts tous les jours, mais des fois, pour les passages vraiment longs et compliqués à écrire, ça ne fonctionne pas : il faut des plages plus longues.
C’est aussi trèèèèèès frustrant de devoir s’arrêter d’écrire parce qu’on est arrivé à sa station de train ou son arrêt de bus, alors qu’on était bien parti dans son histoire et qu’on était content de ce qu’on écrivait.
En résumé, c’est une méthode que je conseille si vous pensez pouvoir être régulier et pouvoir vous organiser. Si la simple idée de n’avoir qu’un quart d’heure pour écrire vous donne des boutons (parce qu’il vous faut 15 minutes pour vous chauffer avant d’y aller, par exemple), ne vous forcez pas et ne vous faites pas de mal.
Pour ceux qui voudraient tenter l’aventure, voici quelques conseils :
— Déterminez la période de la journée à laquelle vous êtes le plus efficace.
Dans la mesure du possible, bloquez-la. N’hésitez pas à expliquer à votre entourage l’importance que cela a pour vous.
— Choisissez un format sur lequel vous préférez écrire
Carnet, tablette, ordinateur, téléphone, parchemin… Le tout est de trouver ce qui vous va le mieux.
Si vous aussi vous prenez les transports en commun et avez envie de rentabiliser les retards de la SNCF, RATP ou autres, voici un article sur l’art d’écrire dans les transports.
— Préparez votre projet
Je vois d’ici les jardiniers s’enfuir en hurlant. Revenez ! Je ne parle pas forcément d’établir un plan pour son roman ou sa nouvelle. Mais déjà de savoir si vous êtes plutôt en phase d’écriture, ou plutôt de correction. Ne pas prévoir d’écrire dans le bus une scène dont vous savez qu’elle va nécessiter des recherches par exemple.
Pour ma part, j’ai une petite technique qui marche bien. J’écris sur mon téléphone sur Gdrive, et je prépare la veille la scène que je vais écrire en notant les premières phrases, histoire d’amorcer la pompe pour le lendemain. C’est beaucoup plus facile pour moi de me mettre dans le bain comme ça.
— Ne vous mettez pas la pression
Si vous ratez une journée parce que vous êtes trop crevé, ce n’est pas grave. Si vous n’écrivez qu’une dizaine de mots, ce n’est pas grave. Si votre premier jet vous semble nul, ce n’est pas grave.
Vous avez écrit, même si ce n’est qu’un petit peu. Vous avez gardé votre roman, votre nouvelle, votre projet avec vous, dans un coin de votre tête. Et ça, c’est déjà bien.
Il y a des jours avec, où on arrive à se dégager une heure à midi et où on aligne les mots et qu’on sait que c’est bon niveau histoire et niveau style. Et il y a les jours sans.
L’important, c’est de ne pas se décourager et de ne pas se dire qu’on est nul.
J’espère que cet article vous a intéressés et aura (peut-être) suscité des vocations. À bientôt pour un nouveau billet sur l’écriture !